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Les rois mages étaient-ils des astrologues ?

 

Des rois mages, on ne sait pas grand-chose...
Seul l’Évangile de Mathieu en parle sur une douzaine de lignes (Mathieu 1 à 12). Il y est relaté que des « mages» venant d’Orient auraient suivirent une étoile dans le ciel pour se rendre d'abord à Jérusalem où disparait l’étoile. Puis les mages se présentent devant Hérode : « Où est le roi des Juifs ? » demandent-ils à l’Empereur qui après s’être renseigné leur répond qu’il n’en sait rien et ajoute : «…[..] Avisez-moi que je lui rende aussi hommage ! ». Enfin l’étoile réapparaît et les guide jusqu'au roi des Juifs, l'enfant Jésus, dans une étable à Bethléem.

Ils se prosternent  devant lui et lui offrent des présents : Or, Encens et Myrrhe.

Avertis en songe par un ange de ne pas revenir vers Hérode pour lui indiquer l’endroit précis où se trouve l’étable, ils rentrent chez eux par un autre chemin. Quant à Hérode, sa folle cruauté dictée par son ambition de rester un tyran, donne l’ordre à ses soldats de chercher l’enfant pour le tuer, en vain… Furieux, Hérode ordonne qu’on tue tous les enfants mâles de Bethléem.
Cette histoire tirée des Évangiles avec si peu d'éléments deviendra un mythe qui s’étoffera durant plusieurs siècles par le folklore de la tradition Chrétienne.

En voici les points essentiels :


        I.  FAITS OU THEORIES RAPPORTES PAR LES CHERCHEURS

  • Traces dans l’histoire

L’historien Flavius Josèphe atteste de cet épisode dans son livre Guerre des Juifs : des sages venus de Perse visitent Hérode.

Qu’est-ce qu’un « mage » ?
Il semblerait que ces « visiteurs » étaient peut-être des prêtres Zoroastriens, une religion très ancienne  mais le terme recouvre aussi la fonction de chamane (sorcier et devin) et surtout d’astronome/astrologue, la discipline que pratiquaient les « mages » d’Orient.

Provenance
 La Galilée, la Mésopotamie, La Perse, Judée, nul ne le sait.

L’Étoile
D’après les astronomes de l’époque et les travaux récents de ceux d’aujourd’hui, il semblerait qu'il y ait eu des événements astronomiques importants correspondant à la naissance du Christ et coïncidant avec la conjonction Jupiter-Saturne ou bien une conjonction des planètes Vénus-Jupiter en –2 avant Jésus Christ, un 8 décembre et en -1 avant JC un 17 juin.

La date du 24 décembre n'est en effet qu'une commodité du calendrier chrétien pour faire coïncider la naissance du Christ avec le solstice d'Hiver, fête païenne de l'époque. On ne connaît pas le phénomène astronomique exact ni la date exacte, mais ce sont des dates auxquelles cet événement aurait pu avoir lieu. Et c'est cette conjonction astronomique que les mages auraient pu suivre. Enfin il y a aussi l’éclipse de Jupiter par la Lune en -6 avant JC. Il y a donc bel et un bien un fondement astronomique au mythe des mages, les phénomènes dans le ciel étant observés par les astronomes depuis la nuit des temps et parfois rapportés par les historiens, souvent considérés comme des présages, de bonne ou mauvaise augure.

 

        II.  LE FOLKLORE ET LA TRADITION CHRETIENNE

  • Le symbolisme dans la Nativité

Le chiffre "Trois"
C’est le nombre non précisé dans l’Évangile de Mathieu, qu'a mis en exergue la tradition Chrétienne, parce que 3 fait référence à la sainte Trinité  « Le Père, Le Fils et le Saint Esprit », mais peut aussi être une référence à Pierre, Paul et Jean : les 3 apôtres préférés du Christ. Trois comme les 3 continents connus à l’époque : l'Asie, l'Afrique, et l'Europe Occidentale étant représentés par un mage asiatique, africain et blanc caucasien, afin de signifier l'universalité du message du Christ. Trois comme les trois âges de la vie : la jeunesse (Mage Asiatique), la maturité (l’Africain), la sagesse/vieillesse (L’Européen). Trois est le chiffre qui représente la plus parfaite harmonie, bien qu’il y ait eu jusqu’à 12 Rois mages dans certaines représentations… 12 faisant bien évidemment référence aux douze apôtres.

Symbolisme des Offrandes
L’Or, symbole de royauté, comme Jésus, roi des juifs selon la prophétie de l’ancien testament.  L’Encens, symbole de divinité, Jésus étant le fils de Dieu. La Myrrhe est symbole de souffrance et de sépulture, signe d’une souffrance future (La Passion du Christ).

La coiffe des Rois Mages
Jusqu’au 12ème siècle, des bonnets : il s’agit de bonnets phrygiens, que portent les rois mages sur certaines représentations artistiques. Il existe en effet une légende où il est dit que les mages venaient de Perse (l'actuel Iran) et les bonnets étaient ceux des prêtres de la religion de Mithra. A partir du 12ème siècle, des couronnes : en effet, face à la rébellion de certaines têtes couronnées d’Europe (Allemagne, Angleterre, France) devant l’autorité morale du Pape, son pouvoir spirituel étant de plus en plus contesté, - le Vatican demanda aux artistes que les représentations artistiques de la crèche coiffent les mages de couronnes royales afin de faire passer le message que tout Chrétien, y compris le Roi, est soumis à l’autorité morale de L’Église… Certaines de ces représentations ont même été jusqu’à mettre en scène les rois mages se prosterner à plat ventre devant l’enfant Jésus… Le pouvoir temporel des Rois ne saurait se soustraire à l’autorité de l’Église.

Les noms des Rois Mages
C’est à partir du 6ème siècle que les premiers Chrétiens d’Orient, leur donnèrent des noms en araméens et que le Vatican fera traduire en latin. En Français, les mages s’appellent respectivement, 1) Gaspard :jeune asiatique sans barbe offrant l’Encens, 2)  Balthazar : homme noir d’âge mûr, barbe courte, offrant la Myrrhe. 3) Melchior, l’homme blanc vieillard à cheveux blanc et longue barbe offrant l’Or.
                       
Reliques
Pour relancer l’intérêt des Rois Mages, au milieu du XIIe siècle, l’Église prétend que des ossements retrouvés de trois inconnus enterrés ensembles et reliés par un fil d’or, dans le tombeau d’une Église à Milan est la sépulture des Rois Mages… Ces reliques sont déplacées à Cologne en Allemagne où l’on construit la fameuse Cathédrale afin de les honorer. Des pèlerinages sont organisés à la Cathédrale de Cologne qui devient incontournable y compris pour les Rois d’Europe venant se recueillir dans les jours qui suivent après leur couronnement.

L’Épiphanie, un folklore, une tradition Européenne
L'épiphanie vient du latin ecclésiastique Epiphania, du grec Ἐπιφάνια (pluriel d'Ἐπιφάνεια, qu'on peut traduire par apparitio,-onis (apparition). Dans le Nouveau Testament, le terme ἐπιφάνεια est utilisé pour désigner l'avènement (en latin adventum, dans la Vulgate) du Christ et de son règne.

En Allemagne, le 6 Janvier est un jour férié depuis le 12e siècle et dans les régions majoritairement Catholiques, une tradition, un folklore qui perdure : des « Sternsänger » (littéralement : Les Chanteurs de l’Étoile), enfants et parfois adultes déguisés en Rois Mages et improvisant pour ce jour particulier, une petite chorale, viennent entonner de petits chants aux portes des maisons pour récolter des aumônes… en guise de remerciements… Ils écrivent à la craie sur le fronton des portes d’entrée, les initiales CMB, pouvant signifier « Christus Mansionem Benedictat » soit « Maison bénie par le Christ » ou bien les initiales des trois rois Mages, Caspard (Gaspard) Melchior et Balthazar.

En Espagne également, le 6 Janvier est fêté. C’est un jour férié au moins aussi important que Noël, surtout pour les enfants, car ils reçoivent leurs cadeaux, uniquement le 6 Janvier. La veille au soir, des Rois Mages font leurs processions dans les rues espagnoles en lançant des bonbons aux enfants, puis le matin du 6 Janvier, jour de l’épiphanie, les enfants se réveillent et courent chercher leurs cadeaux. Il est coutume de manger du « roscón de reyes », une sorte de pain brioché recouvert de sucre et de cerises ou fruits confits, on y insère en guise de fève, un petit jouet en plastique. Le trouver vous donnera de la chance pour l’année à venir et comme en France, le chanceux aura  le privilège de se coiffer de la couronne.

L’Épiphanie en France
n’est pas aussi importante que la Fête de Noël, ce jour n’est pas férié à notre époque mais l’était sans doute au Moyen-Âge. Depuis aucun folklore particulier n’a subsisté autour des Rois Mages, si ce n’est une tradition pâtissière depuis le XIVème siècle : La Galette des Rois. Dans le Nord, il s’agit d’une galette feuilletée fourrée à la frangipane ou à la pomme, sa forme est ronde et plate pour évoquer le Soleil, elle symbolise également le retour de la lumière après les longues nuits d’hiver. Dans le Sud, la galette prend la forme d’une couronne briochée évoquant la couronne des Rois, en Provence, elle est fourrée aux fruits confits. 

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