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Confinement : difficultés à prendre soin de soi

 

Bien que le confinement semble toucher à son terme et qu’une liberté plus ample paraisse se profiler à l’aube du 11 mai, vivre enfermé dans son domicile nous a indubitablement invité à repenser notre manière d’évoluer dans nos intérieurs. Et parmi la liste des difficultés : comment prendre soin de soi ou du moins, trouver un espace pour soi, en vivant à deux ou en famille ? Comment arriver à se « couper » un temps des autres afin de renouer avec soi ? Quelques possibles solutions. 

Une chambre à soi, l’impossible quête

Si Virginia Woolf en faisait l’éloge dans son essai, posséder « Une chambre à soi » ou, autrement dit, un espace personnel, revêt une importance d’autant plus particulière durant cette phase de confinement. Malgré tout l’amour et l’affection portés à son conjoint ou à ses enfants, chacun a besoin d’un temps en solitaire. Qu’il s’agisse de travailler calmement pour ceux expérimentant le télétravail, de pratiquer une activité physique en intérieur, de lire, de méditer… un moment « off » où personne ne vient interrompre la quiétude instaurée. Il peut sembler contradictoire de désirer la solitude en ce moment où elle pèse aussi bien pour nos aînés que pour toute personne isolée. Et pourtant, prendre du temps pour soi est nécessaire pour se reconnecter à ses pensées, ses envies, ce qui nous constitue, pour se « ressourcer » dans le calme (voir le silence). En temps normal, l’extérieur apparaît souvent comme une soupape permettant ce retour à soi ; en pratiquant son sport dehors, en s’octroyant un moment chez le coiffeur ou même un massage. En vivant constamment cloisonnés et entourés, les possibilités sont aussi restreintes par l’aspect de nos intérieurs. En effet, nous ne disposons pas tous d’une pièce vacante ou destinée à l’établissement de nos loisirs (et travail), ni même d’un espace extérieur privatif qui casserait cette routine. Les mètres carrés dont nous jouissons nous apparaissent tout-à-coup, bien rudes à supporter. Comment trouver alors des palliatifs pour accéder à une bienfaisante détente ?

Mettre en place un planning et répartir les tâches

En premier lieu (si cela n’avait pas été fait), l’établissement d’un planning, aussi bien pour le couple que pour la famille, se révèle souvent salvateur puisqu’il permet de visualiser concrètement les temps nécessaires à chacun. Il convient donc de définir en amont, de combien de temps et d’espace chacun a besoin, et notamment de délimiter le temps de travail. Sans imposer des limites, l’épuisement risque de survenir, aussi bien nerveusement que physiquement. Le planning a également vocation, pour les familles, à instaurer un rythme et de répartir la charge mentale sur les deux parents et non uniquement sur la mère. Quand les enfants sont suffisamment grands pour comprendre, il est important que les prévenir que, durant certains moments de la journée, les adultes devront s’isoler, en leur expliquant les raisons de ce besoin (travail, moment de décompression, bain, activité individuelle, etc.). Vous pouvez également leur demander s’ils pensent, eux-aussi, avoir besoin de s’isoler. Pour un enfant, un temps de solitude est important pour sa construction, pour son autonomie et pour se ressourcer (s’il est dans une fratrie). Cette demande peut revêtir la forme d’un jeu afin d’être plus ludique, en constituant par exemple, un jeu de cartes au prénom de l’enfant suivi d’un « a besoin de rester seul » ainsi que pour chaque parent, à dévoiler lorsque le besoin se fait ressentir. Vous pouvez aussi créer une affiche ou un pictogramme à placer sur la porte de l’endroit où vous vous isolez pour indiquer aux plus jeunes, qu’ils doivent respecter votre souhait.

Réinventer son espace intérieur

Si nous ne passions que de brèves heures dans nos intérieurs, avec le confinement, la manière dont nous avons pensé nos espaces a certainement révélé ses forces mais surtout ses faiblesses. Dans son essai publié en 2015 et justement nommé Chez soi, la journée et essayiste Mona Chollet, creusait le rapport que nous entretenons avec notre intérieur. Elle revenait également sur l’influence sociétale et notamment la dépréciation de ce besoin de solitude ou d’isolement chez soi. En explorant des pistes multiples, elle mettait également en évidence la nécessité d’avoir un espace à soi et de s’y sentir bien. Quand l’espace ne comporte qu’une seule pièce ou se révèle trop restreint, il devient utile de réfléchir à la manière de le réorganiser afin de l’exploiter au mieux. En créant, pour les surfaces les plus minimes, de mini espaces privilégiés : un coin « tente » pour vos enfants qui les isoleront et vous par la même occasion, l’utilisation d’un espace non conventionnel pour une activité divergente (la table du repas pour le télétravail, le plan de la cuisine s’il permet de capter un brin de soleil, etc.). S’il est difficile pour les plus petits de s’éloigner de leurs parents, ils pourront graviter autour (sous la table ou assis à côté du parent) avec pour règle, de ne pas solliciter votre intervention.

Il peut être aussi intéressant de regarder comment délester vos intérieurs du superflu, le regard ayant tendance à se fixer sur ce qui encombre et non sur les espaces libres. Ranger, trier, des étapes parfois indispensables pour redéfinir les espaces, créer ce coin bureau que vous n’envisagiez plus, débarrasser cette pièce qui n’avait pas de fonction précise (autre que d’accumuler de multiples effets personnels), convertir un pan de votre salon en espace professionnel (en créant une démarcation avec un meuble par exemple). Avec un peu d’ingéniosité, d’organisation et de logique, il est fort possible que s’offre à vous une solution que vous n’aviez pas imaginée. 

Enfin, si vous avez la chance de disposer d’espaces extérieurs, tirez-en profit au maximum. Ils peuvent être le lieu de prédilection de vos enfants, vous laissant ainsi l’intérieur et une certaine tranquillité, ou devenir votre espace dédié au sport, à la lecture, à toute pratique individuelle qui vous permet de prendre soin de vous. Un espace qu’évidemment, chacun devra respecter au moment voulu. 

S’isoler par les sens

Malgré toutes les précautions prises et les changements effectués, il peut demeurer très compliqué de s’isoler, voire impossible dans certaines situations. A défaut de pouvoir le faire physiquement, pour prendre du temps pour vous et être « dans votre bulle », avez-vous songé à vous isoler par les sens ? Écouter de la musique au casque, un podcast ou encore un livre audio, vous plongera instantanément dans l’isolement sonore et vous sortira de l’interaction permanente. Vous pouvez même agrandir cet isolement en fermant les yeux vous inscrivant ainsi dans un monde parallèle avec, à la clé, une déconnexion garantie. Instaurer pour toute la famille en même temps, un temps off au travers d’une séance de méditation, d’une écoute, d’une lecture, d’un sport ou chacun vaque, sur un même thème, à l’activité de son choix (chacun lit dans sa chambre, chacun écoute sa propre musique au casque, chacun fait son sport dans une pièce, etc). 

 

Quelle que soit la solution trouvée, prendre du temps pour soi durant le confinement est plus que nécessaire, que ce soit pour apaiser les tensions quand celles-ci font leur apparition (promiscuité oblige) mais aussi pour le bien-être et l’équilibre de chacun. 

 

Quelques conseils pour occuper vos enfants en cette période de confinement !