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EMDR, signification, présentation et bienfaits de la méthode

Et si bouger les yeux suffisait pour guérir les plus profonds traumatismes ? Une théorie exposée et pratiquée depuis les années 80 par la psychologue américaine Francine Shapiro. Une méthode simpliste à première vue mais dont les résultats étonnamment bons, incitent à poursuivre les études autour de cette technique: L’EMDR. Que signifie EMDR ? Qu’est-ce que cette méthode ? A qui s’adresse-t-elle et que vient-elle résoudre ? Éclaircissements.

D’où vient l’EMDR ?

A l’origine de la technique de l’EMDR, une psychologue américaine, Francine Chapiro. Apprenant qu’elle est atteinte d’un cancer en 1979, elle tente de creuser les liens entre stress, maladie et activité mentale. Huit ans plus tard, alors qu’elle obtient son doctorat, elle découvre durant une promenade que ses petites pensées obsédantes et négatives disparaissent quand elle fait aller et venir rapidement ses yeux de gauche à droite. Assaillie d’idées noires et de ruminations après sa maladie, elle constate que celles-ci voient leur charge émotionnelle diminuer progressivement en pratiquant cet exercice visuel. Une observation qui l’amène à étudier plus préciser le phénomène, en expérimentant sur elle, puis ses proches et enfin quelques-uns de ses patients. L’EMDR prend forme avec des résultats des plus encourageants. Voyons une définition de l’EMDR.

EMDR, quelle signification ?

EMDR est la contraction de « Eye Movement Desensitization and Reprocessing » ce qui peut se traduire par la désensibilisation et le retraitement de l’information par les mouvements oculaires. Cette méthode de soin repose sur le mouvement effectué par les yeux — un rapide balayage de droite à gauche — alors même que la personne réactive l’évènement traumatisant soit par la pensée soit par la verbalisation. Partant du principe qu’un évènement douloureux mal accepté (parce que trop violent par exemple) et stocké dans le cerveau (images, sons, sensations) puisse être réactivé au moindre rappel de ce traumatisme, le mouvement oculaire est là pour débloquer l’information traumatique et réactiver le système naturel de guérison du cerveau pour qu’il puisse achever son œuvre.

EMDR, comment fonctionne la thérapie ?

D’une importance capitale, les mouvements oculaires sont indispensables pour la gestion neurologique de la mémoire. Le fait de passer rapidement de droite à gauche stimule la zone du cerveau où sont stockées les émotions ainsi que les souvenirs traumatiques vécus. EMDR va veiller à dissocier l’émotion du souvenir.

EMDR, dissocier l’émotion et le souvenir.

Remplacer un souvenir traumatique par une croyance positive. Mêlant hypnose mais aussi sophrologie, comportementalisme et sciences cognitives, l’EMDR n’est pas là pour faire disparaître le souvenir traumatique. Il vise à ce que l’émotion ressentie à cet instant cruciale reste de l’ordre du passé et ne soit plus subi par le consultant. Durant une séance, le patient va revivre ce souvenir traumatisant, explorer l’émotion ressentie, expliquer la scène, poser les mots, chercher un espace où trouver du réconfort et ne plus se laisser happer par ce qu’il a vécu. L’EMDR active le travail de cicatrisation psychique, le cerveau ayant la capacité de dissocier le souvenir traumatisant d’une émotion afin que cette dernière n’entraîne plus de souffrances. Il s’agit de clore ce chapitre traumatique et non de l’effacer ; de le « reformater », de libérer la charge émotionnelle associée. Il a été vécu, il a engendré des émotions et eu des conséquences mais n’a plus d’emprise sur le présent ou le futur. L’évènement est archivé, mis à distance du présent.

EMDR, un besoin de lâcher-prise ?

Contrairement à d’autres techniques, l’EMDR ne nécessite pas de « lâcher-prise » de la part du patient. Ceci limite l’influence des résistances. Le plus gros du travail est effectué directement par le cerveau, un travail « basique » qu’il réalise souvent sans que nous en ayons conscience.

Quand recourir à l’EMDR ?

L’état traumatique d’un patient (stress) peut découles d’évènements multiples et variés, récents ou très anciens. Les raisons de recourir à l’EMDR les plus récurrentes sont liées à une agression, maltraitance, un accident, un deuil, un attentat, une catastrophe naturelle, la maladie ou à l’état d’une personne proche.

Recourir à l’EMDR après un traumatisme.

Il n’est pas nécessaire d’avoir vécu un grand choc pour recourir à l’EMDR. Cette méthode s’applique à chaque traumatisme comme à toute expérience pénible laissant un souvenir trop marqué par la souffrance. Durant une séance, l’émotion négative ressentie durant l’évènement sera remplacée par une croyance positive. Un « Je ne sers à rien » peut être remplacé par « Je suis une personne bien », éradiquant au passage douleurs et émotions liées au souvenir traumatisant, amenant calme et sérénité au consultant.

Recourir à l’EMDR pour vaincre une addiction ou un état psychologique compliqué.

Anorexie, boulimie, toxicomanie, alcoolisme, dépression… Toutes ces affections ont une cause (sans pour autant être traumatique), un évènement déclencheur sur lequel il est possible de revenir grâce à l’EMDR. Un véritable pas en avant pour soigner ce qui, jusqu’à présent, demeure complexe.

Quels bienfaits retirer après une séance de EMDR ?

L’EMDR sert à soigner des traumatismes psychologiques précis qu’ils soient récents ou anciens. Ces traumatismes peuvent se traduire pour le patient par divers symptômes qu’il ressent à une fréquence plus ou moins récurrente, mais qui demeurent et peuvent être invalidants au quotidien. Il peut s’agir de phobies, de cauchemars, de peurs, de souvenirs intrusifs ou de comportement d’évitement.

EMDR, bienfaits globaux.

En général, l’EMDR permet de faire naître des sentiments positifs mais aussi de modifier ses croyances, changer ses comportements et de faciliter la prise de conscience quant aux évènements. L’EMDR peut être vu comme un moyen de renforcer les ressources du consultant, de lui donner les moyens de se « défendre », de se « prémunir » face au pouvoir que peuvent avoir ses émotions.

EMDR et stress post-traumatique.

Les résultats sont particulièrement frappants dans une étude relatant les effets de la méthode EMDR sur le deuil traumatique. Les patients ayant suivis cette technique ont vu baisser leur anxiété, dépression et leur détresse psychologique, bien plus qu’avec des antidépresseurs. Victimes d’agressions sexuelles, de crimes, de guerres, d’attentats… ont vu cette méthode être une aide importante suite à leurs traumatismes.

EMDR et phobies.

Certaines peurs semblent irrationnelles et pourtant, malgré toutes les explications logiques pouvant être fournies, elles demeurent. Pour celles et ceux souffrant de phobies diverses, l’EMDR peut avoir des effets positifs sur les symptômes qui y sont liés, même si cela n’a pas (encore) été prouvé scientifiquement.

EMDR et douleurs chroniques.

Mal récurrent auquel rien n’y fait, ni les médicaments, ni les soins divers reçus ? Une fois de plus, il s’agit d’un domaine que l’EMDR est en mesure de couvrir. Cette méthode serait encline à réduire les sensations douloureuses en améliorant la perception physique et émotionnelle de la douleur. Elle permettrait également de réduire l’anxiété et la dépression liées à la douleur de façon suffisamment encourageante pour être essayée lorsque rien ne semble pouvoir remédier au problème rencontré.

Comment se déroule une séance de EMDR ?

Envisageable à tout âge et adaptée aux enfants comme aux adolescents, adultes et personnes âgées, une séance d’EMDR débute par un entretien avec le thérapeute. Ce dernier sert à obtenir le maximum de renseignements quant au mal-être ressenti mais aussi à sa cause. Une fois identifié, le patient doit « revivre » l’évènement traumatique en pensées. Durant ce moment, le thérapeute va stimuler latéralement les yeux du consultant en lui demandant de suivre du regard un objet (ou son doigt) de droite à gauche et de gauche à droite durant plusieurs secondes voire minutes. Cette technique de stimulation sensorielle bi-alternée peut aussi être effectuée par sons ou tapotements (tapping). Ce qui importe, c’est que le cerveau soit stimulé une fois à droite puis à gauche et la répétition de cette stimulation.
Quand la séance s’achève, le patient peut en général, relater l’évènement traumatique sans plus ressentir la moindre émotion négative face à la situation et même avec une pointe de détachement. Si tel est le cas, le consultant est guéri, émotionnellement parlant.
Il est à noter que le nombre et la fréquence des séances peut être variable selon les patients, le traumatisme subit et leur progression. Si la méthode de l’EMDR demeure invariable, chaque cas est particulier et unique. Aussi une séance peut durer entre 1h et 1h30, voire plus. Il peut être possible de résoudre ses troubles en une fois ou de revenir régulièrement pendant plusieurs semaines. Cela ne veut pas dire que la méthode échoue, mais que chaque situation se résout d’une façon spécifique.

EMDR et risques.

Ceux qui auront plusieurs séances de EMDR pourront ressentir des moments de gêne entre deux rendez-vous. Cette sensation, bien que déplaisante, est parfaitement normale. Elle résulte de la stimulation des souvenirs, de l’archivage que met en place le cerveau et de la « collision » entre ces données. Quand un souvenir est stimulé puis traité, un autre qui lui est associé se retrouve sollicité. Il se met ainsi à émettre, lui aussi, des émotions et des images qui peuvent être perturbantes. Envisagez cela comme un effet domino. Quand l’un bouge, tout s’écroule. L’évènement traumatique a forcément eu diverses conséquences et en remuant la « base », les ramures qui en découlent le sont aussi. D’où l’intérêt et l’importance du suivi et de plusieurs séances qui permettront de remettre tout ceci « en place ». Néanmoins, ces chamboulements sont encourageants : ils attestent que le travail s’effectue en profondeur et que les résultats seront positifs en fin de course.

EMDR, quelles précautions prendre ?

Si, petits comme grands, peuvent entreprendre l’EMDR, certaines précautions sont tout de même à prendre avant d’entamer une première séance. Cette méthode est notamment déconseillée aux personnes ayant des problèmes d’ordre psychiatriques et psychotiques (schizophrénie, psychose, …). Celle-ci pourrait entraîner une décompensation et agir sur un souvenir traumatique peut être perturbateur. Nausées, vertiges, instabilités, difficultés à se remettre dans le moment présent… Un patient entrant dans la pratique de l’EMDR doit être accompagné, entouré par ses proches mais aussi par son thérapeute afin de réaliser son travail en toute sérénité et dans un climat bienveillant.

Autre point sur lequel insister : une personne qui vient de subir un choc psychologique ou une personne qui aurait profondément enfoui ce traumatisme n’a nul intérêt à réveiller les problématiques si elles ne sont pas douloureuses. Il est déconseillé de se rendre à une séance si la personne ne se trouve pas en état de stress post-traumatique. Le temps fera son œuvre et le recours à l’EMDR sera toujours possible si la situation venait à évoluer.