Mythologie de la voyance : la Pythie de Delphes
16/05/2017Mythologie, Histoire, voyance. Trois thématiques étroitement liées, s’influençant les unes, les autres plus ou moins fortement selon les époques. Certains noms ont d’ailleurs marqué l’Histoire au travers de personnages –réels ou fictifs- (à l’image de Nostradamus) ayant influencés à leur façon les évènements ou ayant été les symboles d’un mode de vie et de construction de la société.
C’est le cas de la Pythie, personnage mythique et réel qui se retrouve dans la religion grecque durant l’Antiquité. Médium, oracle, devin, découvrons qui était-elle et quel rôle elle jouait.
C’est à Delphes que siégeait la Pythie. Son nom, elle le doit d’abord à sa ville, Delphes, qui avait pour nom archaïque « Pytho ». Elle le doit aussi au serpent, le python, animal monstrueux à cette époque, vivant dans une grotte, terrorisant les habitants de la région et qui fut tué par Apollon. La Pythie étant installée dans son temple, elle endossa rapidement ce nom lié à ce fait héroïque.
Grande prêtresse d’Apollon, prophétesse, déesse, la Pythie occupe une place prépondérante dans la société grecque antique. Elle est « celle qui parle à la place du Dieu ». Connue, reconnue mais aussi convoitée pour ses visions, elle est chargée d’interroger et analyser les oracles au sein même du sanctuaire.
La Pythie vit entourée de prêtres delphiques, eux-mêmes prédisposés à l’interprétation d’oracles. Ce sont ces mêmes prêtres qui sont chargés de la désigner soigneusement. Comme critères, ils retiennent tout d’abord sa naissance légitime, une éducation simple, un paraître tout aussi simple et une existence irréprochable. Vierge ou vivant dans la chasteté, la Pythie se devait d’être une femme pieuse. Selon son statut marital, la future Pythie se voyait contrainte à abandonner mari et enfants pour entrer au service de Apollon. Elle revêtait alors une tenue blanche et suivait une vie régie par des règles sacrées.
S’il n’y avait qu’une seule Pythie au départ, devant la popularité de ses oracles et le nombre croissant de personnes venant la solliciter, le temple de Delphes fut contraint d’en choisir deux supplémentaires. Le sanctuaire se voyait alors dirigé par trois Pythie en même temps.
Ses oracles, la Pythie se devait de les rendre une fois par an, le septième jour du mois de Bysios (ce qui correspond actuellement à février / mars) lors d’une cérémonie commémorant l’anniversaire du Dieu Apollon. Ce rythme changea progressivement les siècles suivant et les oracles furent prononcés chaque septième jour de chaque mois.
Une consultation se déroulait toujours de la même façon. La Pythie attendant dans l’adyton (partie sacrée réservée aux religieux) du temple, se purifiait en buvant l’eau de la Fontaine de Castalie (une source de Delphes) puis mâchait des feuilles de laurier avant de prendre place sur un trépied. Ce trépied situé au-dessus d’un gouffre, lui permettait de recevoir les paroles prophétiques d’Apollon. La Pythie, dissimulée aux yeux des visiteurs, entrait alors en transe, comme possédée par Apollon. Ses oracles étaient ensuite interprétés par les prêtres du temple avant d’être retranscrits aux consultants. L’interprétation était soumise à leur bon jugement et leurs connaissances.
Personnage hautement important –si ce n’est un des plus importants- en Grèce antique, la Pythie avait un rôle religieux, spirituel, intellectuel mais aussi politique. C’est vers elle que l’on se tournait pour arbitrer les conflits (comme lors des guerres du Péloponnèse), c’est elle que les hommes politiques suivaient dans la prise de leurs décisions. Son déclin, la Pythie le connu avec l’apogée romaine. Le temple finit par progressivement stopper ses activités avec l’arrivée de ces derniers et l’influence grandissante du christianisme.
Bien que n’ayant pas toujours fait l’unanimité, la Pythie et le rôle qu’elle joua à cette époque, continuèrent à exister au travers de l’art, notamment la littérature ou encore le cinéma, et à fasciner de par l’exactitude des oracles qu’elle révélait.